(trad. fr. a cura di Maria Assunta Mini) - versione italiana
Pour crier contre le terrorisme, il avait renoncé à la fiction. Il avait choisi de marcher sur des vrais tessons de verre et de saigner comme les vraies victimes. Les attentats étaient trop proches, trop fréquents, trop injustes pour les raconter en faisant semblant. C’était comme cela que Mohand, l’artiste, avait choisi de les raconter aux Algériens, sans mise en scène: souffrant vraiment, trouvant dans la douleur du corps le moyen le plus sincère pour témoigner sa révolte contre l’intégrisme et l’escalade de violence à laquelle il condamnait son pays.
Mohand n’était pas seul à crier contre les attentats des années 90: avec lui, il y avait Abdesselam, Slimane, Rachid, Nabila et Yasmina. Sculpteurs, peintres, danseurs, hommes et femmes qui avaient décidé de se nommer Carpe Diem. Un nom choisi pour évoquer leur obligation de ne penser qu’ à ici et maintenant: “Nous tenions nos représentations dans la rue, à l’occasion de grandes manifestations, quand nous étions surs d’avoir un public. Nous savions que nous étions des cibles faciles et que chaque spectacle pouvait être le dernier. Donc à saisir”.
Carpe Diem est né à l’intérieur de l’Ecole Nationale des Beaux Arts, mais contre elle. “Nous étions tous des étudiants et tous unis contre la gestion de l’école. Les enseignants utilisaient cette structure à des fins privées et, à quelques exceptions près, ils manquaient de compétence technique, des incompétents qui nous obligeaient à apprendre en autodidactes”. Il était 1996 quand Mohand et les autres se produisirent ensemble pour la première fois. A cette occasion-là, ce fut pour une fêter un diplôme, après ce fut dans les rues de la capitale, pendant la période la plus violente du pays, et dans les moments de la plus grande affluence en ville. “Le nôtre – dit Mohand – était un cri : nous faisions nos exhibitions avec des musiques hard, des scénographies fortes et beaucoup d’improvisation: nous voulions construire des images capables de frapper l’émotivités des gens en leur montrant le drame généré par une explosion. Notre art était un art né dans la terreur du terrorisme et contre elle”.
Un art politique donc. “Le seul qui existe”, affirme Mohand. “Ce qui me motive vraiment – continue le sculpteur – c’est le fait de voir qu’il y a des choses qui vont mal et qui pourraient aller mieux. L’artiste peut faire beaucoup plus qu’un citoyen ordinaire pour améliorer le monde. Un ouvrier peut se sacrifier et mettre de côté une petite somme pour une association bénéfique, tandis qu’un artiste peut lancer un message qui secoue les consciences. Moi je crois que l’artiste peut être l’intermédiaire entre deux groupes de personnes : celles qui ont de l’argent mais sans idées et celles qui ont les idées mais pas d’argent”.
La vision de l’art de Mohand ne tolère pas les murs d’une galerie et les contraintes commerciales. Par exemple, pour Mohand il est inutile la galerie d’art moderne que le gouvernement algérien voudrait aménager pour 2007, quand Alger sera la capitale de la culture du monde arabe : “C’est une opération de marketing – déclare – pour faire croire que l’Algérie est meilleure que ce qu’elle est en réalité. Visiteront ce musée les mêmes personnes, très peu nombreuses, qui fréquentent les grands hôtels comme El Aurassi ou les vernissages des expositions”. Ce qu’il faut n’est pas un musée conçu comme un réceptacle de l’histoire, une archive d’œuvres qui ont déjà dit depuis des lustres ce qu’elles avaient à dire. “Il faudrait penser à des espaces événement – insiste Mohand – des lieux capables de secouer, interpeller et susciter des questions. Des lieux où l’artiste pourrait garder son indépendance et son point de vue critique sur le monde”.
L’artiste critique et indépendant rêvé par Mohand restera peut-être toujours exclu des galeries d’art comme celle en construction à Alger. Mais aujourd’hui il n’y a plus besoin d’un grand espace physique pour lancer un message. Mohand consulte le moteur de recherche de Skype et il fait défiler la longue liste de personnes avec qui il pourrait se mettre en réseau. Pour lui, se mettre en réseau ne veut pas dire seulement utiliser Internet comme point de départ pour une internationale de l’art, mais aussi assimiler les impulsions des technologies digitales pour revoir la conception même de l’art. “Pourquoi – termine-t-il – dois-je encore sculpter une statue dans le marbre si, par d’autres techniques, je peux en faire de virtuelles en mouvement?”. “Moi je crois que si Michel-Ange avait pu le faire, il aurait permis à son David de bouger. Et lui – j’en suis convaincu – il aurait déjà tiré sa pierre contre quelqu’un …”.
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